OMAR ET LA MARMITE OVALE

« Quand j’étais petit garçon, je récitais mes leçons, en chantant ! »

Euh, pardon ! Je m’égare un peu. Ça c’est Michel Sardou !

 Moi, quand j’étais petit garçon, ainé d’une fratrie de cinq, j’étais plutôt une espèce de boucan. Vous savez, ce boucan d’enfer, qui ne tient pas en place, qui cherche la moindre occasion pour faire enrager ses frères et sœurs. Gentil, très gentil ! Mais coquin, espiègle et très malicieux. J’étais capable de faire mourir de rire un gâteau sec…

J’exaspérais mes parents qui cherchaient désespérément une solution pour calmer mes ardeurs. C’est alors que l’idée leur vint de m’inscrire au football. Vain projet !

Avec mon physique qui ressemblait davantage à une armoire à glace qu’à une table de nuit, difficile de tirer mon épingle du jeu en courant après un ballon rond.

Non ! Il me fallait un sport viril (pardon pour les footeux !), un vrai, un dur ! Un sport capable de calmer mes effusions débordantes. 

C’est ainsi que je suis arrivé au rugby. Pour suivre les copains dans un premier temps. Mais, très vite, je suis tombé dans la marmite de ce sport et, comme quand je fais quelque chose je le fais à fond, j’ai mis tout mon cœur dans cette nouvelle passion.

En 1997, alors que j’avais 26 ans, le club des Lions, en Nouvelle-Zélande, m’a fait un appel du pied. Très attaché à ma famille et à mes amis, j’ai beaucoup réfléchi avant de me lancer. Mais une opportunité comme celle-là ne pouvait pas se refuser. J’ai donc sauté dans un avion et décidé de relever ce défi, qui, je vous l’accorde, vu de l’extérieur, pouvait sembler un peu fou. Finalement, c’est le plaisir que j’ai pris sur les terrains qui a été fou, entouré des plus grands joueurs all-blacks : Preston, Cullen, Umaga ! Un rêve éveillé !

L’année suivante, j’ai été repéré par les Brumbies, le fameux club australien. J’ai donc fait un saut de kangourou et vécu une nouvelle aventure formidable. Puis je suis revenu en Nouvelle-Zélande. 

Mes premières sélections avec l’équipe nationale argentine, les Pumas, ont également eu lieu durant ces années. Sans le savoir, je commençais à intéresser les recruteurs un peu partout dans le monde. Et notamment en France.  

C’est une rencontre avec un petit homme au grand tempérament et au charisme débordant qui a changé ma vie. Cet homme, c’est Jacques Fouroux, le « Petit Caporal », joueur puis manager du XV de France. En 1998, après une tournée en France, à Nantes très exactement, j’ai croisé son chemin.

Et, sans vraiment prendre le temps de réfléchir, impressionné par l’homme que j’avais en face de moi, j’ai foncé ! 

La direction ? Auch, le Gers, la Gascogne, D’Artagnan ! Le pays du bon vivre, mais aussi une terre sacrée du rugby. C’est là que j’ai découvert le championnat professionnel français. Enfin, ses prémices car, à l’époque, le FCAG, qui avait des moyens restreints, bataillait férocement pour conserver sa place dans l’élite. C’est dans ce beau terroir que j’ai commencé, doucement mais sûrement, à converser dans la langue de Molière, et que je suis tombé amoureux du Sud-Ouest et de son bon vivre. 

En juin 1999, j’ai quitté la Gascogne, en y laissant une petite partie de mon cœur, pour partir disputer ma première Coupe du Monde. J’en ai disputé deux autres par la suite en 2003 et 2007.

Que de souvenirs incroyables sous le maillot frappé du Puma ! J’étais sur le toit du monde. Parti de rien et vivant désormais de ma passion.

À mon retour de cette compétition, j’ai rejoint le pays des pruneaux : Agen, dans lequel j’ai poursuivi ma belle découverte du rugby français. J’y suis resté jusqu’en 2004.

A cette période, je commençais à me poser quelques questions sur ma reconversion. Partir ou rester ? Me lancer définitivement dans la chanson ou poursuivre encore un peu le rugby ?

C’est alors que mon téléphone a sonné. Au bout du fil, le Stade Toulousain. Le mythique Stade Toulousain ! Impossible de résister bien longtemps aux sirènes haut-garonnaises. 

J’ai donc décidé de rempiler ! C’est ainsi que j’ai vécu quatre années merveilleuses sous le maillot rouge et noir, tout en poursuivant en parallèle ma formation dans le prestigieux Conservatoire de Toulouse et en continuant de développer ma carrière de chanteur lyrique.

Après un merveilleux titre de Champion d’Europe en 2005, j’ai décidé de mettre un point final à ma carrière sportive en 2008 après avoir soulevé pour la première fois le Bouclier de Brennus. 

Un point final qui allait marquer le début d’une nouvelle vie. Désormais je n’allais plus pousser de mêlée mais pousser définitivement la chansonnette sur les planches.

Le rugby fait aujourd’hui partie de mes souvenirs les plus précieux et je suis fier de me nourrir de cette expérience pour accomplir de nouveaux rêves, toujours avec le même tempo : à fond les ballons !